Un brin de nature
Sortir de la ville, respirer, reprendre souffle. Hop crochet nature. Direction Sawaï Madhopur et le Ranthambore National Park.
1300 km² préservés, avec difficulté. Deux intérêts majeurs, son fort du 10ème siècle et ses tigres.
Au menu, safari à la recherche des félins et sortie vélo à la conquête du fort.
Départ au petit matin, temps frais, embrumé. Tout est calme, les gens d'ici ne sont pas du genre lève-tôt.
On traverse la plaine pour accéder au parc. Une porte fortifiée en signe l'entrée. La route carrossable se transforme en piste. Les reliefs s'élèvent, des pans de falaise apparaissent, dispersés. On s'enfonce, un silence religieux dans le van à ciel ouvert. 20 paires d'yeux scrutent les fourrés. A la recherche des rayures du maître des lieux. Petit à petit, l'humidité de la nuit s'évapore. La lumière devient plus crue. Les ombres se tassent. Même asséché, l'air n'a pas encore d'odeur. Des cris d'oiseau nous accompagnent. J'ai du mal à rester concentré. Mes pensées dérivent. Un nom me revient en tête. Kippling. Le Lion. Réminiscence d'une lecture passée au goût d'exotisme. Ici et là, des animaux, cerfs et daims, antilopes. Plus loin, dans une mare, deux crocodiles. Maigre tableau de chasse, le tigre restera caché. Malgré tout, un joli moment dans cette forêt qui s'éveillait.
L'après midi, je me jette sur la route, juché sur une bicyclette usée. La température a grimpé, un vent frais s'est levé. Je retraverse la plaine de la matinée. L'activité est maintenant bien lancée. Des gens affairés. J'avance vaillamment. Les gens sont surpris de me voir ainsi pédaler. Des motos, des jeeps me doublent. On m'encourage. Contact privilégié du cycliste, j'aime le vélo pour la proximité qu'il permet. Retour au parc. Même porte fortifiée. Cette fois ci, je reste sur la route, sans m'en écarter. L'air maintenant est chargé d'odeurs. Les chants d'oiseaux m'ouvrent la voie. Les bruits et cliquetis de mon vélo aussi. Je souffle, transpire, m'accroche à mon guidon. Mais la pente et un pignon simple ont raison de mes efforts. Je finis les côtes à pieds. Enfin l'arrivée. Le regard surpris des guides et chauffeurs de me voir débarqué. Cinq minutes de repos et j'entreprends le grand escalier qui mène au Fort. Au sommet, un impressionnant domaine fortifié de 4,5 km², ceint par des remparts sur la totalité. Je me balade, le nez au vent, en suivant des sentiers. J'avise un poste de garde éloigné. Le point de vue y est superbe sur un lac et des vallées. Et puis bien sûr, un détour par les temples sacrés. Double bénédiction, Ganesh et Shiva sont à mes côtés. Je peux maintenant rentrer. Le bonheur de la descente, tout frein serré. Slalom entre les trous et les pavés.
La plaine, une dernière fois traversée. Encore un peu de jus dans les jambes. Alors, je double un chameau attelé sur le pont de la voie ferrée. Instant de fierté.
L'hôtel, je m'y pose, fatigué, une bière presque fraîche dans le sac, petit plaisir houblonné.
Quelle belle journée.