Retour sur terre

Publié le par Toma

 

C'est marrant, depuis quelques temps, une semaine ou deux, pas beaucoup plus, il y a un mot qui revient dans mes conversations. Un mot simple, de six lettres. Il arrive aussi bien dans mes échanges, par mail, avec la métropole, que dans mes pensées et divagations. Même, je sais le dire en espagnol. El regreso. Le retour. On m'en parle, on me pose la question. A croire que des gens qui ne se connaissent pas se sont fait passer le mot. Ceci dit, il rentre aussi tout seul dans mes horizons. Alors, comment tu le vois, comment tu le prends? Ben d'abord, pas d'affolement. Parce que mine de rien, il me reste encore quasi deux mois à vivre dehors. Ça n'arrive pas si souvent, alors je ne vais pas me presser. Ensuite, sereinement. Une seule direction, en profiter jusqu'au dernier moment. Jusqu'au dernier débarquement. Et même encore après, pour les retrouvailles et festivités. Ce qui va faire une fin d'année bien chargée. Et pour 2011? Ah la belle inconnue! Pas d'idée où cette année va me mener. Ni celles d'après. Quelques rêves, quelques songes, le hasard, la fatalité, tous ces champs des possibles qu'il faut moissonner, Mignonne allons voir si la rose..., faut juste pas se laisser baiser ou berner, c'est au choix, par cette chienne de réalité et son fils de rien, le quotidien. Alors oui, en profiter jusqu'au retour. Et encore des dizaines d'années après. Garder les yeux et le cœur ouverts, faire son bout de chemin sur cette terre, et même si tout ça n'a pas grand sens, qu'au moins, à la fin, on se soit bien marré. Ça ne doit pas être si compliqué d'y arriver.

Retour sur le continent après cette escale dans le temps de l'âge de pierre. Valparaiso, Valpo de son petit nom. Ville accrochée aux collines, les pieds dans l'océan. Les pentes sont sévères, les ascenseurs pas récents. Je passe d'un cerro à l'autre, festival de couleurs et d'escaliers. Harlequin a oublié son pardessus dans ces quartiers. Les habitants s'en sont fait des maisons. De tôles ondulées, de briques, de fresques. Balade chromato-urbano-artistique, l'art à la rue. Les bombes de Valpo ne servent que de vaporisateurs muraux. L'imaginaire de la cité se livre et se lit à ciel ouvert. Se dégage de ces pages de béton une vibration, une pulsation. Una buena onda.

Changement de décor, retour à la terre. Pucon, une bourgade nichée entre lacs et volcans. L'Araucanie, un coin de Chili, deux ans indépendant sous le règne d'Orélie Antoine Ier. Un avoué périgourdin qui s'était auto proclamé roi de cette contrée. Drôle de destin que celui de ce bonhomme parti de Périgueux pour fonder un royaume il y a 150 ans. En voilà un qui a suivi son rêve jusqu'à en être interné. Le plus drôle c'est qu'il y a toujours une lignée de ces rois fantoches. Achille Ier, Antoine II, Laure Thérèse Ière, Antoine III et le Prince Philippe, l'actuel prétendant au trône.

Sortie vélo le long d'une piste terreuse, à travers forets et pâturages. Des cascades et rivières, le chant des oiseaux, le vert tendre des nouvelles feuilles, les fleurs en offrande. La nature s'ébroue après sa longue nuit d'hiver. Quarante cinq kilomètres de bon air. La raideur de la selle me rappelle que ça faisait une paye que je n'avais pas pédalé. Sur le retour au chalet, je ne vois que lui. Il est là, recouvert d'un linge blanc, magnifique, fumant. Le Villarrica, volcan en activité, qu'évidemment dès le lendemain je m'empresserai de grimper. 2847 mètres, 1600 de dénivelé, pentes toutes enneigées. Le crissement de la neige à chaque pas, qui des fois cède un peu sous le poids, le piolet passe main droite main gauche à chaque lacet, le bleu et le soleil au dessus, la mer de nuages en dessous, nappe moutonneuse qui recouvre tout jusqu'à l'océan, juste émergent deux autres volcans et la crinière de la cordillère. 4H30 de montée, un peu plus de 5 heures et demi avec les pauses. Le rythme est plaisant, sans entrave, pas la corvée de la cordée. Le vent reste modéré. Conditions idéales pour cette ascension. Et la vue de là haut, ouf quel spectacle, la régalade des yeux. Les roches effritées rouge ferreux, jaune soufre, noir cendre, une langue de neige qui descend vers le bas du cratère, la glace et le feu qui voudraient s'embrasser. Houla, faire gaffe aux fumées, elles ramonent le nez. Je m'avance vers le trou béant, tends le cou, voir la lave couler, allez encore un pas, doucement poser le pied, s'aider du piolet. Est ce que j'avance encore d'un cran? Oui je peux, je le veux, non, je ne peux pas, trop abrupt, trop dangereux. Je suis obligé de reculer. Dommage, c'est la première fois que je suis sur un volcan réveillé. Session photos et demi tour pour la descente la plus fun de l'année. Combinaison enfilée, renfort sous les fesses, nous voilà partis pour la plus grande piste de luge jamais vue. On glisse sur le cul, le piolet sert pour freiner. Une bonne tranche de rire en enchainant les toboggans.

Au chalet, ce soir là, j'ai fait des courses, préparer un repas. Faire cuire des pâtes, mettre le couvert. Une première depuis mon départ. Des gestes ordinaires, du quotidien. Un peu fatigué, un verre de vin rouge à la main, je repense à ces derniers jours. Serein.

 

Publié dans Chili

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V
<br /> tu as une chance incroyable de vivre tous ces moments et nous avons également une chance énorme de pouvoir te lire et voyager à travers tes récits. Merci, merci encore. Je me présente:<br /> valérie,soeur de karl et donc belle soeur de séverine.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Merci pour ton commentaire. Cote chance, oui je suis conscient d en avoir mais je pense aussi qu il faut savoir la provoquer. On poura en discuter a l occasion.<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Chilian viejo y nuevo, Lonquimay, Sierra Nevada, Antocun, Llaima, Los Osornos (considéré selon un sondage comme le plus imposant volcan au monde, devant le fuji...oui monsieur) y Villarica...ca<br /> fait 8 ! bizz<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Joli score, je vois qu'il y en a qui ne s'en font pas en ces temps de mobilisation générale.<br /> <br /> <br /> Note bien, je ne juge pas, je constate. Simplement.<br /> <br /> <br /> Hasta luego,<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Tu as de la chance, notre voyage a nous était si court, nous sur le Villarica, il y avait tellement de vent que nous n'avons pas vu beaucoup le cratère....mais descente en ski !...mais c'était très<br /> beau et magique...comme tous les autres, celui -ci en activité en +<br /> <br /> Par ailleurs, je profite de l'occasion pour encourager le développement de la flute de pan et de nos amis PACHA MAMA qui ont rytmé notre voyage et qui font l'objet d'une campagne promotionnelle sur<br /> Bordeaux........<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Salut,<br /> <br /> <br /> Je ne savais pas que vous l'aviez fait celui là. C'est vrai que j'ai bien pensé à la possibilité de le faire en ski de rando. Il me paraissait accessible à un débutant comme moi. Ca a du être<br /> super. Ceci dit, la descente en luge était très drôle aussi.<br /> <br /> <br /> Pour l'aspect musique, je ne souscrirai pas à cet appel à la flute de pan et c'est là un point non négociable. Mais peut être y en aura t'il en direct le 11 décembre. Les Nantais, vous êtes<br /> attendus au tournant. Marie et Christophe compte sur vous.<br /> <br /> <br /> Hasta luego,<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> associe toi au retour au tourangeau. Tu partiras en vadrouille partout pour nous représenter.<br /> Un coucou de Yuki.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Et pourquoi pas, faut voir l'idée.<br /> <br /> <br /> Que les vayan bien,<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> El regreso? No te preocupa! Plus d'un mois avant le départ pour nous. Chacun son tour<br /> <br /> <br />
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